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LOL - Les Olonnois Lisent
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4 mai 2014

Au bord des grèves, Marie Le Gall

 Au bord des grèves, Marie Le Gall, éditions Phébus, 134 p.

 

Étrange roman que celui de Marie Le Gall, qui sonne comme une confession.

Léna, la cinquantaine, vit seule après une fin difficile d'une relation avec un compagnon brutal. C'est en Bretagne, dans son pays d'enfance, qu'elle tente de se remettre.

MarieLeGall

Dans la première partie, Nausée, elle rencontre Ben, un américain de 15 ans son cadet qui vit de petits travaux à droite et à gauche. Un homme à problème, comme Léna elle-même. Peut-être pour cette raison est-elle attirée par lui, se refuse et lui cède pourtant. De son côté, il la désire, elle ne l'intéresse pas, finit par la prendre. Le personnage de Ben reste mystérieux et ambigu. Il ne sera pas possible de comprendre son rôle. Léna n'est là finalement que pour satisfaire un de ses besoins, c'est du moins ce qu'elle finit par comprendre :

« C'était donc ça, et seulement ça qu'il voulait, cette extase d'un instant qui la laissait dans une tristesse infinie ? Combien de fois n'a-t-elle pas eu envie de pleurer, après ? » (p. 86)

Elle ne pourra que sortir blesséé une fois de plus après une rupture inéluctable.

Dans la deuxième partie, Attente, de retour à Paris, Léna, en dehors du travail se perd chaque jour un peu plus. Les sorties, les rencontres ne comblent plus sa vie. Son monde se rétrécit. Elle se recroqueville, « s'escargote » à nouveau.

« La fin de la semaine, ce moment que l’on nomme week-end depuis des décennies et qui respire le repos, le retour en famille, les soirées entre amis, a perdu toute signification. » (p. 97)

Dans la troisième partie, Rencontre, c'est à nouveau en Bretagne que, par l'intermédiaire d'amis, elle fera la connaissance de Maria, la quarantaine, ancienne sage-femme, qui la fera renaître.

Le début du roman est trouble, décousu, comme la vie de Léna. Le style frôle cependant parfois le kitsch :

« Depuis bientôt deux ans Léna vit une sorte de coma émotionnel, un cheminement sombre et lent avec de longues pauses silencieuses pendant lesquelles son esprit s'égare. Elle assiste, impuissante, à un véritable phénomène de déconstruction qui se manifeste par une terrible sensation de liquéfaction de tout son corps. » (p. 17)

C'est le moment où le lecteur est enclin à abandonner la lecture. Il faut s'accrocher et attendre encore quelques pages avant de retrouver de l'intérêt pour ce roman, lorsque le texte recolle aux personnages, leurs problèmes, leurs contradictions, leurs ambiguïtés.

À partir du second chapitre, le texte semble avoir été écrit par une autre personne. L'ambiance se fait plus pesante, le style plus sobre et gagne en puissance.

Lorsque Léna rencontre la très sereine Maria, le style semble s'imprégner de cette sérénité. On y parle de maladie et de mort, et pourtant certains passages sont empreints de poésie :

« Léna retournera en Bretagne au "miz du". Elle fleurira les tombes de bruyères aux tons chauds, aux petites fleurs aériennes, innombrables. » (miz du = le mois noir en breton, c'est-à-dire novembre ; p. 128)

Malgré une tendance aux répétitions, quelques passages désuets, l'absence de surprise, Marie Le Gall a emmené son lecteur à suivre avec intérêt croissant son personnage. Il reste une interrogation : est-ce un roman autobiographique ? Se poser cette question suffit à démontrer qu'elle a réussi son œuvre.

 

Olonnois85

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