Un an, Jean Échenoz
Un an, Jean Échenoz, Minuit, 1997, 110 p. (Version double - papier 96 p./numérique - 2014)
Un an, c'est incroyable comme cela passe vite. Cent dix pages suffisent à Jean Échenoz pour nous faire vivre Un an avec Victoire.
Elle se réveille un matin au côté du corps sans vie de Félix. Jean Échenoz ne nous révèlera pas pourquoi elle prend la fuite, laissant ainsi un soupçon de meurtre. Le hasard la mènera dans le sud-ouest de la France, tentant de couper tout lien avec son passé, de disparaître. Sans moyen, ce sera pour Victoire une lente descente sociale, accélérée lorsqu'elle se fera voler ses dernières économies par un amant de passage. Au cours de son périple, elle croisera plusieurs fois Louis-Philippe, un ancien ami qui mystérieusement retrouve toujours sa trace. C'est d'ailleurs lui, alors qu'elle ne peut déjà plus côtoyer que des clochards, qui lui annoncera que « l'affaire Félix était close ». Elle peut alors retourner à Paris, retrouver ses connaissances avant un surprenant dénouement à la Jean Échenoz.
On qualifiera ce roman de minimaliste. Jean Échenoz nous épargne les longues descriptions, laisse à ses lecteurs la liberté de leurs imaginations. Par exemple, après en avoir fait un portrait passe-partout, il écrit plus loin que Victoire est une belle femme qui ne peut passer inaperçue. À chacun d'imaginer ce qu'est une « belle femme ». Chaque lecteur a ainsi son image de Victoire. Toujours peu de mots pour décrire les personnages, les lieux, même les paysages et les situations, ce qui lui permet de ne pas s'attarder et d'en changer rapidement.
Par sa construction et son intensité, Un an rappelle le merveilleux La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel (Stock, 2005. Livre de poche, 2007, 183 p.). Jean Échenoz avait fait en plus court, mais tout aussi excellent.
Olonnois85