Le reste de sa vie, Isabelle Marrier
Le reste de sa vie, Isabelle Marrier, 242 p., Flammarion
C'est la dernière journée de Délia avant un congé parental qui annonce la fin du surmenage. Peu aidée par Jérôme, son mari, Délia est débordée et ne parvient plus à remplir son rôle de mère de trois enfants, d'épouse et d'employée commerciale. Ambitieux, Jérôme n'est pas plus à la hauteur de sa tâche qu'elle, mais lui n'a pas la charge du quotidien de la famille et décharge trop facilement ses frustrations dues à ses propres échecs sur Délia. Elle est de nature perdante, une tête à claques, une victime programmée. Une chose que l'on ne pourra pourtant pas reprocher à Délia, c'est son amour maternel. Le drame viendra pourtant de là et c'est justement ce qui gène dans ce roman. On sait que la nature humaine est remplie de faiblesses, mais la perte de l'instinct maternel d'une femme aimant ses enfants comme Délia est peu crédible.
Isabelle Marrier écrit de très bonnes pages, dures, cinglantes, sans concessions :
« Il la pénètre les yeux fermés, décharge et la repousse sur le côté. Tu es heureuse comme ça ? Deux fois par mois, c'est le tarif, avec un foulard en soie à Noël, l'appartement et les gamines. Un homme fiable. »
Mais elle s'emballe parfois aussi et se laisse place à des expressions qui perturbent la lecture plus qu'elles n'aident à la compréhension du texte :
« Il buvait l'hiver, l'eau blanche qui noyait la rue de banlieue, festonnée de maigres tilleuls. »
« L'heure tourne nerveusement. »
« Ils se regardent et leurs vies muettes, si brièvement, s'entrelacent. Mais cela n'est pas certain non plus. »
« Qui devinera qu'il aurait souhaité le pas d'une tourterelle à la pente d'un toit familier ? »
Malgré ces défauts, il est difficile au lecteur de lâcher ce roman avant la fin et il n'aura à aucun moment la sensation de perdre son temps.
Olonnois85