Les mots qu’on ne me dit pas, Véronique Poulain
Les mots qu’on ne me dit pas, Véronique Poulain, Stock, 140 pages.
Les parents de Véronique Poulain sont sourds, tout comme son oncle côté maternel et sa femme. Leurs enfants ne le sont pas.
Dès sa plus petite enfance, Véronique Poulain vit dans deux mondes qui ne se comprennent que difficilement : celui des sourds, comme ses parents, et celui des entendants, comme elle.
Elle décrit dans ce livre tous les problèmes d’une petite fille dans le quotidien, ses difficultés à l’école, avec ses copines, avec ses amis, bref, de n’importe quelle enfant, mais qui doit, en plus, composer avec le handicap de ses parents.
Les descriptions sont parfois très crues, du moins pour les entendants. Véronique Poulain montre que dans le langage des sourds, les nuances de la langue parlée ne trouvent pas leur pendant. Pourtant, tout l’éventail des sentiments y passe : la gêne, la honte, la colère, la haine, l’incompréhension, mais aussi l’amour, beaucoup d’amour.
Enfant, Véronique Poulain a eu aussi quelques soutiens. D’abord ses grands-parents, surtout son grand-père, qui vivaient un temps un étage au-dessus de celui de ses parents. Elle a eu aussi des complices avec sa cousine Ève et ses cousins, eux aussi dans la même situation. Abusant parfois de leur rôle de communicants entre les entendants et non-entendants, les enfants ne se privent pas de libertés que d’autres n’auraient pas.
Malgré le sérieux, la gravité et les côtés tragiques du handicap, Véronique Poulain décrit avec humour quelques péripéties aux dépens soit des sourds (toutes les sonneries de l’appartement branchées à la lampe du couloir), soit des entendants (faire apprendre le signe « lesbienne » au lieu de « bonjour »). Ces facéties liées à un handicap ne sont pas sans rappeler « Les intouchables », ou plus récemment « La famille Bélier », ce qui n’a rien d’un hasard puisque Véronique Poulain fut assistante de Guy Bedos et est maintenant assistante de Victoria Bedos, scénariste du film d’Éric Lartigau. Certaines scènes sont d'ailleurs directement reprises du livre. Une odeur de plagiat ?
Tout comme le film, ce livre nous donne une vision du monde des sourds qui nous est (encore) bien trop inconnu. Il aura dans tous les cas le mérite de nous faire comprendre leurs difficultés et, espérons-le, avoir une plus grande tolérance pour les handicapés.
Olonnois85