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LOL - Les Olonnois Lisent
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13 février 2015

Le vieux qui lisait des romans d’amour, Luis Sepúlveda

 

Le vieux qui lisait des romans d’amour, Luis Sepúlveda, Éd. Métailié, 121 p.

 

Traduit de l’espagnol (Chili) par François Maspero

 

Sepulveda

Après avoir quitté son village pour chercher à vivre décemment, Antonio José Bolivar Proaño, veuf de Dolores Encarnación des Santísimo Sacramento Estupiñán Otavalo, est resté la plus grande partie de sa vie parmi les Shuars, un peuple indigène de la forêt amazonienne, qui l’ont traité comme l’un d’eux, sans qu’il devienne l’un d’eux. Devenu vieux, en attendant sa fin et se fasse manger par les fourmis, il s’est installé à El Idilio. C’est là qu’il prend conscience qu’il sait lire (en ânonnant). Il se pourvoit alors en livres par l’intermédiaire du docteur Rubincondo Loachamín, un dentiste ambulant dont seule méthode thérapeutique se limite à l’arrachage de dents. Mais seuls les romans d’amour passionnent et intriguent Antonio José Bolivar Proaño. En effet, comment ne pourrait-il pas l’être par un roman qui commence par « Paul lui donna un baiser ardent, pendant que le gondolier complice des aventures de son ami faisait semblant de regarder ailleurs… » ? Antonio José Bolivar Proaño a compris que les gondoles, menées par un gondolier, étaient des sortes de pirogues. Si, comme tous les habitants de la forêt amazonienne, il n’a jamais donné de baiser, pas même à Dolores Encarnación des Santísimo Sacramento Estupiñán Otavalo, il sait ce que c’est. Mais un « baiser ardent » ? Ce Paul doit être quelque chose comme un grand pervers, un brigant avec son complice qui fait semblant de ne rien voir. Le méchant est désigné dès le début et cela plaît à Antonio José Bolivar Proaño.

 

La tranquillité d’Antonio José Bolivar Proaño est cependant perturbée lorsque le maire de El Idilio, qui le déteste (et réciproquement), le prie de participer à la chasse à une panthère tueuse d’hommes, car aucun dans le village ne s’y connaît dans la forêt autant que le vieil homme.

 

Ce tout petit roman fourmille de détails sur la vie dans la forêt amazonienne, ses dangers et ses habitants. On s’y sent déjà, dans ce milieu exotique et fascinant. Mais tout n’est pas dit, la forêt détient sûrement encore des milliers de secrets et l’on devine encore des milliers d’autres pièges. Surtout, tout n’est pas à prendre au sérieux, beaucoup de personnages sont tournés en dérision. Le texte de Luis Sepúlveda recèle d’anecdotes, est empreint de sensibilité, est chargé d’humour, mais déborde aussi de tendresse et d’humanité. Même la panthère tueuse d'homme est respectée. Parce que ce roman est avant tout un très grand hommage aux habitants de la forêt (hommes et animaux) et une dénonciation de la barbarie envers eux commise par les prétendus civilisés (les gringos) avec, hélas, la complicité des autorités.

 

Le roman de Luis Sepúlveda est à placer aussi bien dans la catégorie amusement et parodie que dans littérature engagée. Nul besoin d’un long texte pour cela.

 

Olonnois85

 

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