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LOL - Les Olonnois Lisent
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28 août 2015

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, Éditions Gallimard/Folio, 299 pages

Dans ce roman, Maylis de Kerangal nous fait accompagner toutes les phases d’une transplantation cardiaque, mais surtout décrit toutes les personnes qui sont mêlées à ce processus complexe, les émotions des uns, le professionnalisme des autres, sans que l’un exclue l’autre. Chacun des participants ayant une réaction qui lui est propre. Et le tout, toujours lors d'une course contre le temps.

Elle nous raconte les circonstances qui feront de Simon, 19 ans, surfer passionné et victime d’un accident de la route, le donneur d’organes. Elle décrit le dilemme du médecin qui doit constater la mort cérébrale de Simon et enclencher la procédure obligatoire dans un tel cas, c’est-à-dire, après avoir informé les parents, tâche peu aisée, de transmettre l’information à l’infirmier de biomédecine qui sera chargé de recueillir auprès de ceux-ci l’autorisation de prélèvement. C’est lui aussi qui suivra Simon jusqu’à la préparation de son corps pour le remettre à sa famille. Il y a aussi l’infirmière qui prend en charge Simon livré par le SAMU qui l’accompagnera également depuis le premier diagnostic jusqu’à la fin du processus. Autre personne impliquée, le médecin de l’Agence de la biomédecine chargé de déterminer les demandeurs des organes et de coordonner le transfert. À l’autre bout de la chaîne se trouvent la receveuse du cœur, le médecin chargé de l’implantation, le médecin chargé du prélèvement, du transport et qui participera à l’implantation, de même que l’infirmière qui l’assistera dans chacune de ces étapes.

Claire, la receveuse, a conscience d'être intimement mêlée comme tous les autres participants au problème, au tourment, au dramatique, au tragique qu'ouvre une transplantation d'organes vitaux : « Ce qui la tourmente, c'est l'idée de ce nouveau cœur, et que quelqu'un soit mort aujourd'hui pour que cela ait lieu... »

Et plus loin : « Il n'y a pas de donneur dans cette opération, personne n'a eu l'intention de faire un don, et de même il n'y a pas de donataire, puisqu'elle n'est pas en mesure de refuser l'organe, elle doit le recevoir si elle veut survivre... »

Maylis de Kerangal fait plus que nous fournir de nombreuses informations sur le processus de transplantation tout en épargnant trop de détails. Le côté humain est placé au premier plan. Elle s’attache ainsi énormément à décrire le désarroi des parents de Simon et les épreuves qu’ils traversent, bien au-delà du consentement qu’on leur demande. Il leur faut en effet non seulement comprendre que leur fils est décédé, mais en plus accepter que ses organes soient prélevés.

Dans son roman, Maylis de Kerangal maîtrise parfaitement un acte de balance entre émotion et rationalisme. Ce n'est ni un roman à sensation, ni à émotion, bien que celles-ci ne puissent être complètement occultées. Un roman fort qui, sans surprise, a collectionné pas moins de 10 prix littéraires. Une lecture obligatoire pour toute personne qui, un jour, peut se trouver dans une telle situation : en bref, tout le monde.

olonnois85

 

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