Au pays du p'tit, Nicolas Fargue

Au pays du p'tit, Nicolas Fargue, P.O.L. Éditions, 233 pages

 Le sociologue Romain Ruyssen a écrit un essai provocateur Au pays du p'tit (d'où le titre de son roman) où il dénigre tout ce qui est français, parce que tout y est petit, mesquin (un p'tit verre, un p'tit resto, un p'tit tour, un p'tit copain, etc.). D'autres auteurs se sont déjà largement exprimés sur ce sujet et ont déjà écrit ça quelque part. Une odeur de Zemmour flotte dans l'air. Peut-être est-ce un copier-coller. Nicolas Fargue affirme par l'intermédiaire de Romain Ruyssen qu'il n'a rien contre la France, mais contre les Français. C'est oublier que ce sont les habitants qui font un pays.

Cependant, la plus grande partie de ce roman, rédigé à la première personne, est consacrée à la libido du personnage principal.

Elle acheva de déboutonner mon jean, baissa hâtivement mon slip, par-devant, y plongea la main comme une possédée, saisit mon membre endormi entre ses doigts puis l'engloutit goulûment. Je fermais les yeux à mon tour et tentai de toutes mes forces de me représenter Janka Kučová nue. Ses tétons étaient-ils naturellement érectiles ? Les grandes lèvres de sa chatte, pincées ou bien charnues au point de déborder par en dessous des strictes limites de sa fente lorsqu'elle se tenait debout, jambes légèrement écartées ? Mouillait-elle abondamment, une fois excitée ? J'avais beau grogner de désir pour me stimuler, mon sexe demeurait résolument flasque dans la bouche de Caridad. [p. 68]

On ne pourra éviter de se demander si les problèmes d'érection de Romain Ruyssen (44 ans) ne sont pas en fait, ceux de Nicolas Fargue (43 ans). Même dans ces passages de valeur littéraire douteuse, on a aussi l'impression de lire un extrait de Christine Angot dans ses mauvais jours à la sauce Nicolas Fargue. Tout au long de son roman, il semble vouloir nous faire croire que les Français, et tout particulièrement son protagoniste (ou l'auteur lui-même ?), sont des Strauss-Kahn potentiels. Désolé, dans ce domaine, il a déjà été beaucoup trop donné.

Tout cela ne fait pas un bon livre. Avec beaucoup d'indulgence, un livre ennuyeux. Quoi d'étonnant :

Je ne vois aujourd'hui que le romancier Michel Houellebecq capable de susciter l'intérêt des lecteurs anglo-saxons cultivés. [p. 24]

Houellebecq est en premier lieu connu comme un maître provocateur. Les lecteurs francophones (cultivés ou pas) n'intéressent pas Nicolas Fargue. On est en droit de se demander pourquoi il n'écrit pas en anglais, d'autant plus qu'il sème des phrases dans cette langue un peu n'importe où dans son livre.

Nicolas Fargue fait dire à Romain Ruyssen : Je n'ai, moi, à quarante-quatre ans, écrit qu'un seul livre dont personne ne parle et ne parlera sans doute jamais nulle part. [p. 224]

Dommage que Nicolas Fargue n'y ait pas pensé plus tôt. Note pour Au pays du p'tit : 0/20.

 olonnois85