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17 février 2016

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, Phébus

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, Phébus, 144 pages

 

CertainesDans ce roman (prix Fémina étranger 2012), Julie Otsuka raconte l'épopée de femmes japonaises envoyées aux États-Unis par une agence matrimoniale en 1919. Elles y épouseront des Japonais installés depuis quelques années et qui dans la plupart des cas ne correspondent pas à la description qu'on le leur avait donnée d'eux. L'intégration dans ce Nouveau Monde est d'autant plus difficile qu'elles comptent parmi les plus basses couches de la société. Dès le début de la Deuxième Guerre mondiale, tous les Japonais sont vus comme de potentiels espions.

En dehors de cette phase de l'histoire des Nippons aux USA (probablement peu connue là-bas et complètement ignorée de ce côté de l'Atlantique), ce roman est surtout marqué par sa rédaction.

En premier, la narratrice, supposée faire partie de ce groupe de femmes, n'emploie jamais la première personne du singulier, mais du pluriel. Le destin de toutes est estimé comme commun, conformément à l'image de différence entre la culture occidentale et asiatique, où, dans la première, l'individu prime sur la société, tandis que l'inverse vaut dans l'autre.

En second l'énoncé de chaque situation prend la forme d'un inventaire avec un effet répétitif :

Un petit garçon d'Oxnard en culottes courtes s'en est allé en se demandant s'il y aurait des balançoires. Certains sont partis avec leurs plus beaux habits. D'autres avec les seuls qu'ils possédaient. Une femme portait du renard. C'est l'épouse du roi de la laitue, murmurait-on. Un homme s'en est allé pieds nus, mais rasé de près, tous ses biens emballés avec soin dans un carré de tissu blanc : un chapelet bouddhiste, une chemise propre, une paire de dés porte-bonheur, des chaussures neuves, en prévision des jours meilleurs. Un homme de Santa Barbara est parti avec une valise en cuir marron couverte d'autocollants défraîchis où il était écrit Paris, et puis London, et puis Hotel Metropole, Bayreuth.[p. 116]

Ce type de liste avec des détails négligeables s'étire sur plusieurs plages.

 

En dehors de cette écriture particulière et lassante à la longue, le roman de Julie Otsuka n'apporte pas beaucoup d'éléments nouveaux sur la situation des femmes. On peut le regretter, mais dans la grande majorité des sociétés et des ethnies :

  • elles sont considérées comme des êtres inférieurs et doivent se soumettre aux hommes,

  • elles ont en charge, en plus de leurs parts travaux pour les revenus de la famille, de l'entretien du foyer,

  • elles sont plus isolées et s'intègrent donc plus difficilement dans un pays étranger.

En cas de conflit d'un état avec un autre, les premières « victimes » sont les ressortissants immigrés. Il en fut de même pour les Japonais aux USA lors de la Deuxième Guerre mondiale. Ils furent contraints de quitter leurs maisons, mais Julie Otsuka laisse un doute sur leur destin. Ont-ils été transférés dans des zones loin des côtes pacifiques, internés dans des camps ou bien même exterminés comme le firent les nazis ? Aucune réponse n'est donnée, toutes les hypothèses restent ouvertes sans qu'elle ose en favoriser une, évitant ainsi une critique possible sur les États-Unis.

Une lecture un peu décevante, tant sur la forme que sur le contenu, qui laisse sur sa faim.

 

olonnois85

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