Les vies de papier, Rabih Alameddine
Les vies de papier, Rabih Alameddine, Les Escales,326pages
Aaliya Saleh a l’habitude chaque premier janvier de commencer la traduction en arabe de l’un de ses auteurs préférés, parfois, lorsqu’elle ne connaît pas leur langue, à partir de traduction française et anglaise. Cette tâche est inutile et superflue puisqu’elle ne publie jamais le résultat de son travail. C’est cependant l’occasion pour elle de rassembler ses souvenirs d’enfance dans ce Beyrouth qui connut tant de guerres :
« Dans les marges du matin, je m’accroupissais derrière ma fenêtre et observais les thanatophiles adolescents avec des semi-automatiques qui, tels des cafards, couraient en zigzags. »
Avec beaucoup d’humour et d’autodérision « J’ai atteint l’âge où la vie est devenue une série de défaites acceptées – l’âge et la défaite, frères de sang fidèle jusqu’à la fin » elle se souvient bien sûr aussi de sa pauvre vie privée, puisque mariée en premier avec un homme impuissant elle faillit rester vierge comme son amie Hannah, et de ses très nombreuses lectures comme ancienne employée dans une librairie peu fréquentée. Rabih Alameddine, par l’intermédiaire de Aaliya, semble donner rendez-vous à toute la littérature du monde. Dans son récit, tout est occasion pour Aaliya à digressions et à citations : Camus, Sartre, Pessoa, Nabokov, Thomas Mann, Joyce, Imre Kertész, etc., sans oublier les compositeurs qu’elle adore (Bruckner, Mahler, Chopin…).
Le fils conducteur de ce roman se perd dans cette foison, d’autant que le texte n’est ni découpé en chapitre ni structuré. Tout en restant intéressante, la lecture est de longue haleine et réclame beaucoup de persévérance. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de dire ce que l’auteur voulait communiquer, quel était son but.
olonnois85