La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem Alaoui

La vérité sort de la bouche du cheval, Meryem Alaoui, Gallimard, 252 pages

Jmiaa, prostituée à Casablanca, mère et femme à la gouaille intarissable, raconte comment elle en est arrivée à sa situation. Dans un langage direct et franc, nous suivons son parcours de jeune fille amoureuse à la femme sans plus aucune illusion. Les coups bas de la vie ne lui font pas perdre sa hargne, sa rage de vivre.

Le roman pourrait se passer dans n’importe quelle grande ville, aussi bien dans un faubourg de Paris qu’ailleurs. Meryem Alaoui y ajoute le coloris de Casablanca, un environnement musulman qui étonne par ses similitudes avec notre société occidentale. La situation des femmes de ce milieu au Maroc est identique à celle  décrite par Albertine Sarrazin dans L’Astragale. Violence quotidienne, mépris et rejet de la société qui pourtant profite de leur délaissement, sans oublier les proxénètes. Jmiaa passe par des phases d’euphorie, mais aussi de grave déprime où il s’en faut de peu qu’elle « pète les plombs ».

La situation de Jmiaa change lorsqu’elle rencontre Chadlia qui désire tourner son premier film à Casa. À cause de son physique, Jmiaa la surnomme Bouche de cheval.

Quelle que soit la situation, abrutie par l’alcool, les pilules, les séries de la télévision qu’elle consomme à l’excès, qu’elle soit en haut ou en bas de la vague, en exaltation ou en désolation, Jmiaa garde la même verve et sa force de caractère bien particulière.

Meryem Alaoui nous livre un premier roman débordant de qualité, de sensibilité et d’éloquence.

olonnois85