Art et décès, Sophie Henaff

Art et décès, Sophie Henaff, Albin Michel, 302 pages

Les lecteurs qui ont apprécié Poulets grillés et Rester groupés retrouveront avec plaisir Anne Capestan et sa bande d’hétéroclites : « Merlot, le mondain du picrate, Evrard, le fantôme des casinos clandestins, Dax et Lewitz, les crétins enthousiastes, Lebreton, Roi-Soleil imputrescible, Torres, la scoumoune, Orsine, le coinços aux blagues vaseuses, Saint-Lô, le fou dingue qui se prenait pour Highlander, le colossal Diament et Capestan, bien sûr, la commissaire au sourire clair et à la gâchette sensible. »

La Capitaine Éva Rosière a pris un congé pour participer à la réalisation en tant que scénariste d’un film. Lorsqu’elle découvre que son nom a été effacé du générique, elle clame vouloir tuer le réalisateur. Celui-ci est effectivement trouvé avec un couteau entre les omoplates. Éva n’est pas la seule à avoir un motif, mais elle n’a pas d’alibi non plus. Bien qu’en congé parental, Anne Capestan se lance à la recherche du meurtrier.

Si les personnages sont loufoques et le récit désopilant, Sophie Hénaff construit un vrai policier. Elle présente d’abord tous les personnages ayant un motif pour éliminer le réalisateur. Les soupçons pèsent plus fort sur l’un ou sur l’autre, reviennent régulièrement sur Éva Rosière. Le dénouement se fait à la Hercule Poirot.

Un seul nouveau personnage fait son apparition dans la troupe de Capestan : « Non, pas toucher », surnommé parfois Joséphine, sa petite fillequi perturbe ses nuits et capte une bonne partie de son attention.

Autant que l’histoire elle-même, le style de Sophie Hénaff retient l’attention. Le lecteur est constamment à l’affût de pointes d’humour, de jeux de mots, calembours et autres boutades.

« Les jambes de Capestan marchaient dehors, mais galopaient dedans ».

La loge de l’habilleuse, la maquilleuse et la coiffeuse est ainsi décrite : « C’est dans ce cocon où les acteurs entraient nus pour ressortir habillés-maquillés-coiffés et enfin cuirassés de leurs personnages, que se fomentaient traditionnellement complots et mutineries. Là encore les égos délaissés venaient se plaindre en tendant les museaux aux pinceaux. »

La liste des remerciements comprend 36 personnes (hasard ou clin d’œil au fameux numéro du célèbre quai), Art et décès est véritablement une œuvre collective.

olonnois85