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LOL - Les Olonnois Lisent
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20 janvier 2020

Et toujours les Forêts, Sandrine Colette

Et toujours les Forêts, Sandrine Colette, JC Lattès, 334 pages

Et toujours les ForêtsLe roman de Sandrine Colette se divise en deux parties distinctes, avant et après « la chose ». Le lecteur a en main un roman bien structuré.

Marie, une fille très volatile, s’éprend de Jérémie, l’épouse et le suit dans son hameau nommé les Forêts. Avec Marc, le copain de Jérémie, ils forment un fameux trio. Jérémie étant souvent absent, Marie couche aussi avec Marc. Elle est enceinte quand Jérémie se tue dans un accident, comme elle ne sait pas lequel est le père de l’enfant qu’elle porte, elle voudrait s’en débarrasser au plus vite. Alice et Augustine, les grand-mères de Jérémie et Marc la séquestrent pendant six mois, ce qui l’empêche d’avorter, avant de la chasser des Forêts en pleine nuit. Dans de telles conditions, il sera impossible à Marie d’aimer son fils Corentin dont elle essayera de se débarrasser, le plaçant ici ou là chez des amies, des connaissances ou n’importe qui. Corentin a dix ans lorsqu’elle le dépose chez Augustine dans un esprit de vengeance, l’arrière-grand-mère de son fils dont la ressemblance avec Marc saute aux yeux.

Corentin grandit, s’attache peu à peu cette rude arrière-grand-mère. Il comprend qu’elle l’aime pour lui-même. C’est une révélation pour cet enfant privé jusque là de tendresse et d’attention. Adolescent, il s’éprend de Mathilde et déclare vouloir l’épouser plus tard. Elle lui rit au nez : elle a deux ans de plus que lui et dit que les femmes ont toujours un mari plus âgé qu’elles.

Adulte, Corentin quitte les Forêts pour aller étudier. Il se joint à une bande de copains, étudient et font la fête dans des catacombes. Ils sont dans celles-ci lorsque « la chose » se produit. Ceux qui ont tenté de sortir à ce moment-là périssent sur le coup. La moitié de la bande restante attend plusieurs jours avant d’oser sortir à leur tour et découvrir le monde complètement ravagé, calciné, la faune et la flore détruites. Les très rares survivants sont ceux qui se trouvaient sous terre lorsque « la chose » est arrivée.

Dans un long et pénible périple, puisqu’il n’y a plus de moyens de transport, Corentin retourne aux Forêts, sans vraiment croire qu’Augustine ait pu survivre. Il se méfie des humains qu’il rencontre.

« Lorsque les trois quarts des espèces vivantes disparaissent, quelles qu’en soient les raisons – une météorite, des volcans déchaînés, un changement climatique, l’activité humaine. Même pas l’activité : la présence. Dès qu’il y avait eu des hommes, les vivants qui les entouraient avaient commencé à s’éteindre.

Dès la préhistoire.

Trop de chasse. Trop de sang.

Les hommes étaient intrinsèquement des meurtriers. Ils puaient la mort. Aussi stupides que les cellules cancéreuses détruisant le corps qui les abritent, jusqu’à claquer avec eux. Tuer et être tué. »

Sa méfiance envers les « vivants », comme il appelle les humains réchappés de « la chose », est parfaitement justifiée. Avec ce rappel à la préhistoire, même si l’auteure ne l’écrit pas, le lecteur verra une rencontre entre le pacifique Néandertal et l’agressif envahisseur Homo sapiens.

Arrivé aux Forêts en compagnie d’un chien aveugle qu’il a sauvé en cours de chemin, Corentin retrouve Augustine et Mathilde comme seuls rescapés. Commence une quête de survie. D’abord récupérer des vivres dans les magasins et maisons abandonnées de la proche Petite Ville, puisque tout est calciné et que rien ne pousse, qu’aucun gibier, pas même un insecte n’a survécu, que le ciel reste voilé, que la pluie est acide et les cours d’eau peut-être empoisonnés. Cette tâche assumée, la prochaine étape pour Corentin sera le repeuplement de la terre. La nonagénaire Augustine ne pouvant y contribuer, malgré l’aversion que lui porte Mathilde, elle est le seul choix qui s’offre à lui. Un couple doit (re)peuplé la terre, c’est Adam et Eve sans le Paradis !

 

Certains lecteurs retrouveront dans Et toujours de Forêts une structure analogue et des éléments (quête de nourriture, liens animaux-hommes) du romanTrois fois la fin du monde de Sophie Divry.

L’œuvre de Sandrine Colette est cependant beaucoup plus complète et complexe, son écriture est également plus incisive. Chez elle, la perspective de renaissance du monde se dessine assez tôt, mais « qu’était devenu l’homme pour que, dans un monde où presque tout avait disparu, il s’obstine à détruire ses semblables un à un, à les dépouiller, à les achever ? » N’en a-t-il pas toujours été ainsi ? Une fois de plus se vérifie que « l’homme est un loup pour l’homme ».

Sandrine Colette est sans concession envers notre espèce. Elle laisse en même temps son lecteur s’imaginer nombres de détails, p. ex. « la chose » n’est pas du tout définie, seules les conséquences sont décrites et, hasard de l’actualité, revoient aux images de ces terres brûlées en Australie.

Et toujours de Forêts est un roman poignant jusqu’au bout.

olonnois85

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Commentaires
M
si je puis me permettre Marc, tu racontes trop l'histoire, le livre a l'air bien mais on n'a plus besoin de le lire......
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