Le pays des autres, Leïla Slimani
Le pays des autres, Leïla Slimani, Gallimard, 366 pages
À la fin de la guerre, la jeune Alsacienne Mathilde s’éprend du tirailleur marocain Amine. Ils se marient et elle le suit au Maroc où il cré une exploitation agricole dans une zone très caillouteuse. Tandis que Mathilde peine à s’adapter au pays, Amine a des difficultés à rentabiliser son entreprise. Deux enfants naîtront : Aïcha et Selim. L’aînée est envoyée au collège tenu par des religieuses et se révèle excellente élève.
Aussi bien chacun des parents que chaque enfant s’adaptent difficilement à leur entourage. Aucun n’est vraiment à sa place. Les difficultés grandissent au fur et à mesure que la révolte contre les colons grandit. L’indépendance de la France se fait inéluctable, la violence va de pair.
Ce roman est une plongée dans ce pays du Maghreb au milieu des années cinquante. Amine est partagé entre modernité à laquelle il aspire et la tradition qui lui tient à cœur. Il admire l’indépendance de Mathilde, mais voudrait en même temps qu’elle se soumette à l’homme qu’il est. De même Mathilde est partagée entre son Alsace natale qu’elle a fuit et la beauté du pays d’accueil et son archaïsme. Lorsqu’elle écrit à sa sœur restée au pays, elle décrit le Maroc comme un paradis. De retour pour un court séjour à la mort de son père, elle ne parle que de l’enfer où elle vit.
Il en est de même pour chaque personnage du roman. Chacun fait son monde à sa manière. Confronté à un autre, c’est se trouver face à un autre monde. Sartre n’avait-il pas dit « L’enfer, c’est les autres » ?
Bien entendu, Leïla Slimani ne passe pas à côté de la cause des femmes qui lui tient fort à cœur.
olonnois85