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LOL - Les Olonnois Lisent
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30 avril 2020

Le complexe de la sorcière, Isabelle Sorente

Le complexe de la sorcière, Isabelle Sorente, JC Lattès, 299 p.

 

Le complexe de la sorcière

Dans son « roman », Isabelle Sorente raconte qu’en 2017 elle eut une vision : un homme ordonne à une femme d’avouer qu’elle est une sorcière. Comme cette vision se répète, l’auteure décide de se renseigner sur la sorcellerie et accumule une quinzaine d’ouvrages sur ce sujet, des plus anciens au plus récent.

Dans son « roman », l’auteure cite de nombreuses sources, mais les raccourcis sont nombreux. Du Formicarius de Johannes Nider (imprimé en 1474) elle retient principalement le passage où selon des « témoins », les sorcières « faisaient cuire des enfants ». Elle omet cependant de préciser que Nider remettait en question les croyances de ces « témoins », tout comme Érasme de Rotterdam se moqua d’eux quelques années plus tard.

Les remarques d’Isabelle Sorente sur le plus que controverMalleus Maleficarum (le Marteau des sorcières, publié en 1487) du fanatique et misogyne inquisiteur Heinrich Krämer sont plus pertinentes. Cet ouvrage très répandu grâce à l’invention de l’imprimerie et sa rédaction en latin (langue universelle au XVe) causa la mort de dizaines de milliers de femmes à travers l’Europe. De là à en conclure qu’il « existe un lien de feu entre la sorcière et les livres » et « plusieurs exécutions de masse qui eurent toutes lieu après l’invention de l’imprimerie » est une forte réduction.

Sans complexe, l’auteure détourne les faits à ses besoins, comme la pesée. Autrefois, une femme trop légère était forcément une sorcière (jetée à l’eau, celles-ci flottaient et étaient alors brûlées, l’alternative à la noyade était de les peser). Aujourd’hui « le critère de poids est inversé », affirme Isabelle Sorente. L’obsession des femmes actuelles à se peser serait un besoin de « prouver son innocence », « un rituel de survie ».

Au fur et à mesure de ses lectures, elle est de plus en plus obsédée par l’idée que ses visions ont une origine concrète : enfant, un Quatorze Juillet, alors qu’elle était sur une place publique avec ses parents, elle fut terrorisée lorsqu’un groupe d’hommes portant des torches arrivèrent ; elle se cacha sous une voiture et il ne fut possible de l’en déloger qu’après que les hommes s’éloignèrent. N’ayant pas d’explications pour cette peur (ni par ses parents ni par sa psychologue), l’auteure en conclut que parmi ses ascendants l’un ou l’une dû assister à une mise au bûcher d’une femme. Isabelle Sorente reconnaît être une fervente adepte de ce que les psychogénéalogues appellent la « mémoire transgénérationnelle ».

Cette théorie fondée comme n’importe quelle théorie du complot : une hypothèse audacieuse est émise, s'il n’est pas possible de prouver qu’elle est fausse, c’est donc qu’elle est vraie.

Les scientifiques usent certes de cette méthode (une loi scientifique est vraie tant qu’il n’est pas prouvé qu’elle est fausse), mais ils partent d’une base d’observations et les lois émises sont vérifiables à tout moment. La mémoire transgénérationnelle ne s’appuie que sur… la mémoire, oh combien vulnérable et souvent défaillante.

À la soixantième page, dans un chapitre intitulé Complexe de la sorcière (également titre du livre), dans son charabia Isabelle Sorente approche du délire. Considérant comme acquis qu’une de ses ancêtres était une sorcière, elle tente de déterminer l’origine de celle-ci d’après la couleur des yeux de ses ascendants. Elle est de même convaincue que pour écrire 1984, Georges Orwell « a dû lui aussi avoir une grand-mère sorcière ».

Il est temps d’interrompre la lecture et clore définitivement ce livre, ce soi-disant « roman ».

olonnois85

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Commentaires
M
Nous n'avons pas du lire le même livre !...<br /> <br /> tu aurais du persévérer ...
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