Crénom, Baudelaire, Jean Teulé

Crénom, Baudelaire, Jean Teulé, Mialet-Barrault, 427 p.

Charles Baudelaire (09/04/1821 – 31/08/1867) fut un poète de génie, l’un des plus grands de la littérature française. Le personnage lui-même était ignoble, un dandy arrogant, imbu de sa personne, sans respect pour rien ni personne, pas même de lui-même. Syphilitique et toxicomane aux drogues, il fit tout pour déplaire à ses contemporains. Orphelin de père à 5 ans (son père était sexagénaire lorsqu’il épousa Caroline qui n’avait alors que 27 ans), devenu adulte, il commence à dilapider sa part d’héritage, ce qui pousse sa mère à le placer en tutelle.

Jean Teulé, avec son habituel sens de l’exagération, trouve en Baudelaire une âme sœur. Il n’épargne ses lecteurs aucun des côtés les plus pervers et sombres de l’auteur des Fleurs du mal. Il sait aussi lui trouverdes côtés humains. La fidélité du poète envers sa muse Jeanne, son ami Asselineau, contraste avec l’image d’un personnage dépourvu de scrupule et de morale. Jean Teulé va jusqu’à adopter un langage poétique, tel que Baudelaire aurait pu user :

Adossée contre la porte d’un hôtel borgne, une fille publique aux airs d’innocente pucelle sortie du lit d’un barbon propose à Baudelaire :

– Tu montes, chéri ?

– Cesser de chercher, ô belle curieuse, et bien que votre voix soir soit douce, taisez-vous ! Il me déplaît, là, d’être interrogé de la sorte. Aujourd’hui, je déteste le ramage des jolis oiseaux tels que vous !

Teulé donne envie de relire Baudelaire.

olonnois85