Aline et les hommes de guerre, Karine Silla

Aline et les hommes de guerre, Karine Silla, Les éditions de l’Observatoire, 301 p.

Née en 1920 en Casamance (province du sud du Sénégal), très tôt orpheline, Aline Sitoé Diatta quitte à l’adolescence son village natal pour travaillé à Zinguinchor, capitale locale, comme docker. À 18 ou 19 ans, elle part pour Dakar où elle est embauchée en tant que gouvernante par un couple de colons.

En 1941, alors que la guerre fait rage en Europe, des voix lui ordonnent de revenir dans son pays pour libérer le peuple des diolas auquel elle appartient. Aline est une adepte de la paix et de la non-violence, conjure une résistence pacifique aux colonisateurs et un retour au respect des traditions. Vénérée, elle est nommée Reine des diolas. L’administration ne voit cependant que la rebelle en elle. Elle est arrêtée et déportée dans une prison au Mali où elle décède à la suite de mauvais traitements en 1943.

Karine Silla ne se limite pas à une biographie romancée de la « Jeanne d’Arc sénégalaise ». Elle donne un aperçu de l’histoire de la colonisation de l’Afrique, les liens étroits qui se sont formés avec le peuple sénégalais depuis le début du XXe, le prestige u’eurent les tirailleurs sénégalais dans leur pays après la Première Guerre mondiale et déjà la trahison de la France envers eux. Avec le deuxième conflit mondial et l’attitude de plus en plus raciste des colons en parallèle avec une évolution du niveau culturel par l’abandon des traditions rendirent inévitable une rébellion contre les colonisateurs.

Avec une écriture limpide, Karine Silla renoue avec ses origines. Sa critique du colonialisme ne prend pas un caractère réquisitoire. Pour mettre les choses au point, elle écrit qu’il n’y a pas de bon et de mauvais colons, mais que des colons.

Un roman bien tourné, informatif, sensible tout en étant critique et sans parti pris.

olonnois85