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LOL - Les Olonnois Lisent
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20 septembre 2021

Enfant de salaud, Sorj Chalandon, Grasset

Enfant de salaud, Sorj Chalandon, Grasset, 330 p.

Enfant de salaud

Le roman de Sorj Chalandon commence par une visite de cette maison d’Izieu où avait été recueillis des enfants de familles juives pendant l’occupation. Le 6 juin 1944, sur ordre de Klaus Barbie, les SS vidèrent l’établissement de leurs habitants et les envoyèrent vers les camps de la mort.

L’auteur se déplace ensuite à Lyon dont il est originaire pour assister en tant que journaliste au procès de Klaus Barbie. C’est aussi pour lui l’occasion de rencontrer son père Jean Chalandon qui veut également être présent à ce procès, lui qui combattit, selon ses dires, aux côtes des Allemands.

Sorj Chalandon, dans son roman autobiographique, dépeint un père, intraitable affabulateur, fasciné par les années noires de l’Europe au siècle dernier dont il se fait membre actif à défaut d’en avoir été un héros. Sorj Chalandon se souvient du premier mensonge qu’il décela. Alors qu’il était enfant, avoir vu le film Week-end à Zuydcooteavec Jean-Paul Belmondo en compagnie de son père. Après la séance, celui-ci prétendit y avoir été. Plus tard, il affirmera également avoir à Berlin dans cette unité qui protégea le bunker de Hitler pendant les derniers jours de la guerre. La vérité est pourtant bien différente.

Jean Chalandon a un don exceptionnel de se construire une histoire en partant d’un détail dont il ne démord pas. Son fils a beau lui présenter les preuves de ses mensonges, rien ne peut lui faire dire la vérité. Malgré ses recherches comme journaliste, malgré les documents qu’il retrouve, l’auteur échouera dans son entreprise à savoir ce qui fit réellement son père durant la guerre.

Pour étoffer son roman, Sorj Chalandon alterne entre les scènes du procès de Klaus Barbie, l’histoire de son père qu’il a pu la reconstituer et sa confrontation avec lui. Le roman montre l’obstination du fils face à celle de son père. Le premier s’appuie sur des actes et des documents, tandis que le second nie et taxe de falsification tout ce qui ne correspond pas à ses racontars. Dans son esprit, seule l’histoire telle qu’il se la forge est vraie. Les autres sont des manipulateurs, des persécuteurs, des ignares, des lâches.

Jean Chalendon a l’âme d’un complotiste. Il serait de nos jours un « antivax », de ceux qui se fabriquent un monde à leur convenance en niant avec véhémence la réalité, un déni des faits. S’il décrète que le soleil est vert, rien ne pourra le convaincre du contraire.

olonnois85

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