Le rapport chinois, Pierre Darkamian
Le rapport chinois, Pierre Darkamian, Anne Carrière, 299 p.
Après un entretien d’embauche peu conventionnel, Tugdual Laugier intègre en son tout début de carrière le réputé cabinet de conseil Michard et Associés avec un salaire à faire des envieux. Son égo s’en trouve démesurément gonflé. Il constate bientôt qu’il n’a aucune fonction, aucune activité. Sa seule occupation est de tuer le temps. Cela ne le dérange aucunement, du moment que son salaire prouve son importance vis-à-vis de sa compagne à laquelle il offre un luxe dont elle n’aurait pu que rêver, ce qui lui donne aussi à toute occasion la possibilité de la rabaisser. La vantardise et la suffisance de Tugdual n’ont d’égal que sa bêtise et son mépris.
Ce n’est qu’au bout de trois ans qu’il est chargé, plus ou moins par hasard, de rédiger un rapport sur la Chine, sans indication sur son but. Par copier-coller de Wikipédia, de son expérience dans des restaurants asiatiques ou dans la boulangerie au coin de la rue, Tugdual parvient néanmoins à remplir mille quatre-vingt-quatre pages dont il est convaincu qu’elles auront une importance économique primordiale chinoise.
Le texte de Pierre Darkamian est dans sa première partie un persiflage de ce monde des conseillers, ces spécialistes de tout et surtout de rien du tout, avec leur capacité de noircir des pages sans le moindre contenu, caché derrière une logorrhée élaborée, un dialecte trompeur et pompeux, dans le seul but de bluffer les néophytes.
Pierre Darmakian donne ensuite à son roman la forme d’une enquête policière. Le rapport chinois est en effet tombé entre les mains de la police. Ne se basant sur rien, les rares personnes qui se donnent la peine d’en entreprendre la lecture sont frappées par l’absence de substance, de réflexion, de vide. Pourquoi un commanditaire chinois paie cinq millions d’Euros pour un document illisible et apparemment sans utilité ?
L’auteur en trouve une, assez bluffante. Au lecteur de le suivre dans ses subtilités.
olonnois85