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LOL - Les Olonnois Lisent
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25 avril 2014

Quatre murs, Kéthévane Davrichewy Davrichachvili

Quatre murs, Kéthévane Davrichewy Davrichachvili, Sabine Wespieser Éditeur, 180 p.

Quatrième de couverture :

DavrichewyLa maison familiale est trop vaste pour une femme seule. En ce jour de déménagement, les quatre enfants, devenus adultes, s’y retrouvent pour la dernière fois. Leur père est mort. Dans les pièces vides qui résonnent, les propos en apparence anodins se chargent de sous-entendus. Ces quatre-là se connaissent trop pour donner le change, d’autant que leur mère, profitant qu’ils soient pour une fois ensemble sans enfants ni conjoints, soulève la question de l’héritage.
Deux ans plus tard, rien n’est résolu : les frères et soeurs ne se parlent plus guère, et surtout pas de leur passé. Sur l’insistance de leur mère, ils ont pourtant accepté de se retrouver en Grèce, le pays de leur origine, dans la maison où l'aîné vient de s'installer.
Ce voyage est, pour chacun d’entre eux, l’occasion de revenir sur l’ambivalence de leurs relations. Comment en sont-ils arrivés là, eux qui étaient tout les uns pour les autres ?
Excellant à pointer la dissonance dans les voix de ses quatre protagonistes, qui chacun livre sa version des faits, Kéthévane Davrichewy, comme si elle assemblait les pièces d’un puzzle, révèle petit à petit les motifs d’un drame familial, et propose une belle variation sur la perte de l’innocence.

Le quatrième de couverture avait éveillé mon attention et promettait beaucoup. Le roman de Kéthévane Davrichewy se compose de quatre parties. Les quatre murs du titre se réfèrent aux quatre enfants d'une fratrie.

Le prologue est la rencontre de la mère et de ces enfants pour le règlement de l'héritage après la mort du père. Les jalons de la tension entre les frères et soeurs y sont posés, mais c'est bien la mère qui domine.

On peut reprocher dès le début la typographie qui par amoncellement de guillemets rend la lecture difficile.

« On est obligés d'en parler ? » demande Réna.

« Laisse-la », dit Saul.

« On sait tout ça, maman », répète Élias.

« Si ça ne vous pose pas de problème, j'aimerais disposer d'une certaine somme dès maintenant. »

« Tu veux nous déshériter ? » ironise Hélène.

« Tu es carrément chiante », tranche Élias.

« Je plaisantais. »

(p. 15)

Le premier chapitre est consacré à Saul, l’aîné, l'intellectuel de la famille qui a réussi dans l'édition, qui semble s'adresser à une personne non présente (le lecteur ?). Une grande partie des « secrets » de la fratrie sont évoqués ou même dévoilés. Le lien de Saul avec son cousin et meilleur ami Dimitri, ainsi qu'avec sa soeur Hélène joueront, on se doute, un rôle central. C'est chez Saul, qui a acquis une maison en Grèce, que va se retrouver le cercle fermé de la famille (sans les divers conjoints et enfants).

Le second chapitre concerne la cadette, Hélène, la solitaire de la famille, prise entre son attachement à son frère aîné Saul, son cousin Dimitri et sa soeur Réna. Elle aussi a réussi socialement en tant que parfumeuse. Elle garde pour elle ce qu'elle croit être quelques secrets. Ses retrouvailles avec Saul ne sont pas aisées.

Dans le troisième chapitre, Réna et Élias, les jumeaux qui ont été très liés, se retrouvent sur le bateau qui les mène en Grèce. Réna est handicapée depuis un accident de la route survenu avec Hélène et Dimitri et au cours duquel ce dernier succomba. Réna préparait une carrière de violoniste qui prit fin à ce moment-là. Elle refuse le statut de victime et a joué un rôle dans la tragédie de la fratrie. Élias avait un avenir de pianiste devant lui, il n'est devenu qu'accordeur de piano. Sous l'influence involontaire de sa soeur jumelle, d'Hélène et du grand frère Saul, il est au fond le maillon faible, celui qui a échoué.

Deux frères, deux soeurs ; la paire des aînés : frère et soeur ; la paire des jumeaux : frère et soeur ; un noeud d'alliance et contre-alliance. Le principal intérêt de ce roman n'est pas le secret de la fratrie, mais ces relations internes. Ensemble ils sont les quatre murs d'un édifice, la maison familiale qui a été vendue après la mort du père qui en a été les fondations, la mère couvrant le tout (la toiture en somme). Cette vente fut aussi le signal de la dissolution de la fratrie. L'achat d'une nouvelle demeure par Saul pourra-t-il ressouder les liens ?

Hormis la difficulté de lecture liée à la typographie évoquée plus haut, on regrettera parfois des dialogues (surtout entre Réna et Élias) parfois trop élevés et peu naturels.

« On n'avait pas le temps de s'appesantir, Réna. »

« Moi je voulais m'appesantir, c'est la moindre des choses, notre vie entière reposait là. »

« Notre vie matérielle. »

« Notre essence en morceaux dans des cartons pourris, livrés à des inconnus. »

(p. 169, Réna et Élias évoquant le déménagement de leur maison natale après la mort du père)

Il est difficile de s'imaginer des jumeaux qui ont été très proches et qui ne se sont pas vus depuis deux ans converser de cette façon à la fin d'un voyage fatiguant en bateau sur une mer houleuse.

Ce roman n'en reste pas moins très prenant et prête à maintes réflexions.

 

Marc

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