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26 mars 2015

La Saison des mangues, Cécile Huguenin

La Saison des mangues, Cécile Huguenin, Éditions Héloïse d’Ormesson, 172 pages

 

eho_hugueninPeu avant l’indépendance de l’Inde, l’indou Murugan vend sa fille Radikha d’une très grande beauté [Comment fait-elle pour être si attirante sans jamais chercher à séduire. p. 16] qu’elle doit à sa mère [Tous ceux qui ont approché Radikha ont été littéralement irradiés par sa beauté. Héritage de sa mère, morte sans avoir eu le temps de lui expliquer comment s’accommoder de ce cadeau empoisonné qui attire la jalousie des dieux et tôt ou tard déclenche leur colère ? p. 22] à un major anglais. Il retourne dans son pays avec sa jeune épouse et constate bientôt qu’il n’est pas finalement grand-chose et même pas bien venu dans sa propre famille. Il ne lui reste que sa jeune femme comme souffre-douleur. La venue d’une fille, Anita, ne changera rien. Il tentera d’imposer la plus rigide éducation strictement britannique à sa fille. Radikha saura mettre fin de façon radicale à cette domination pour retourner en Inde.

Pendant le vol de retour, Anita s’éprend du français François qui est convaincu d’avoir une mission en Inde. Elle l’épousera effectivement avant le décès de sa mère [Radikha, qui de son côté paraissait au seuil de la mort, eut le temps de célébrer leurs noces avant de succomber au cancer de mots qui s’était noué dans sa gorge sous la domination du major. p. 48].

De cette union naîtra Mira [Mira arriva en même temps que la mousson, lors d’une nuit de cataclysmeEntre deux coups de tonnerre qui rythmaient les contractions, elle glissa comme une banane. p. 51]. Avec la venue de cette mousson après trois années de sécheresse, François pense en avoir terminé avec l’Inde. Ils rentrent donc en France. Pour Anita, c’est la troisième culture à laquelle elle doit s’intégrer, avant que François ne sombre dans la folie.

Balancée entre les cultures indienne, anglaise et française, Mira ne trouve pas sa place. Du jour où une institutrice la croyant dyslexique l’appelle Marie, elle impose de se faire appeler Mari-sans-e. Impressionnée par la Malienne Fatou, elle fuit en Afrique et s’engage pour une ONG.

Après avoir rencontré Laurent de Laurenti, des événements tragiques amènent Mira à rompre tout contact avec sa mère.

La Saison des mangues se compose de trois parties très distinctes. La première, centrée sur Anita, va jusqu’au départ de Mira et sa rupture. Alors qu’une sensation d’épuisement du sujet s’installe, Cécile Huguenin change complètement sa narration. Le texte devient comique. Dès le début de la seconde partie, c’est Laurent qui raconte ses aventures. Si sa mère (médecin-pédiatre) collectionnait des bibis qu’elle n’osait pas porter, son père (antiquaire) collectionnait les antiquités, Laurent affectionnait seulement les tennis tant qu’elles étaient blanches. Laurent ne collectionne rien, dans l’attente de trouver ce qui l’intéresse. Venu en Afrique pour la même ONG que Mira, il se prend de passion pour les baobabs [Difficile de collectionner les baobabs, j’ai vu trop grand pour mon coup d’essai. p. 98]. Sa rencontre avec Mira bouleversera sa vie. Lui qui n’a aucune expérience des femmes [Au risque d’être traité de demeuré, j’avoue que je suis encore au stade où je trouve ma mère comme la plus belle des femmes. p. 84], sait dès le premier coup d’œil, qu’il ne la quittera plus. Cependant, il perçoit une sœur. Avec elle, il commencera à comprendre l’Afrique [La corne de l'instrument de communication avec les esprits. Il la portait alternativement à son oreille comme un écouteur pour recevoir leurs messages et à sa bouche pour leur répondre. Un modèle inédit de téléphone portable. p. 107]. Le drame de l'Afrique, la tragédie ne manqueront pourtant pas de s'installer... chassant l'humour.

La troisième partie, lorsque Laurent se retrouve à Paris, qu'il y croise les autres personnages. Cécile Huguenin (psychologue) laisse ici trop ressortir son ancien métier. Cette partie est la moins bien réussie.

À travers ses personnages, Cécile Huguenin fait un tour d’horizon de quatre cultures (l’Inde rituelle, magique et cruelle, l’Angleterre victorienne, la France populaire et bourgeoise, l’Afrique et ses superstitions) sur des tons très différents, avec beaucoup de charme, de tendresse, de violence et la détresse qui s'en suit. La Saison des mangues est un tragique voyage chargé d’exotisme. Malgré beaucoup de douleur, Cécile Huguenin termine sur une petite goutte d’optimisme qui plaira à plus d'un lecteur.

Olonnois85

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