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LOL - Les Olonnois Lisent
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12 octobre 2015

Petit Piment, Alain Mabanckou

Petit Piment, Alain Mabanckou, Éditions du Seuil, 274 pages

Petit Piment

Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone à l'Université de Californie-Los Angeles (UCLA). C'est cependant une nouvelle fois en Afrique, plus précisément au Congo, qu'il nous emmène suivre les aventures de Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko (du lingala : « Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres »), patronyme que lui a affublé le père Papa Moupelo et qui sera d'abord plus simplement nommé Moïse.

Moïse donc, a été déposé peu après sa naissance devant l'orphelinat de Loango que dirige un directeur despote et corrompu. Il y restera environ treize ans. La révolution socialiste rebattant les cartes et la situation se dégradant, Moïse fuit à Pointe-Noire. Il se mêle à une bande de jeunes délinquants et prend alors le nom de Petit Piment. Il rencontrera la maquerelle Maman Fiat 500 et sa dizaine de prostituées, chez qui il trouve refuge et sert d'homme à tout faire. Lorsque le malheur frappe et dissout cette petite communauté, la pérégrination de Petit Piment continue sans qu'il perde de vue qu'il a une revanche à prendre.

Avec Petit Piment, Alain Mabanckou nous entraîne dans une Afrique d'un premier abord conforme à nos préjugés : naïveté, mythe et légende, pauvreté, violence, arbitraire et corruption se côtoient. Mais aussi beaucoup de bon sens, d'humanité et de solidarité dont nous pourrions prendre leçon.

Si ses personnages le sont parfois, le texte d'Alain Mabanckou est tout sauf naïf. Il nous éclaire au contraire sur l'histoire de cette région qui nous reste si étrangère.

On aura quelques difficultés à entrer dans ce roman dont la première moitié se limite à la vie de Moïse (plus tard donc Petit Piment) dans l'orphelinat de Loango. L'effort est nécessaire et sera bien récompensé. Il faudra s'habituer à ces noms qui semblent parfois imprononçables, et pas seulement le patronyme de Moïse : Bonaventure Kokolo, Dieudonné Ngoulmoumako, Sabine Niangui, François Makélé, Georgette Louboudo, Léonora Dikamona, etc. Ces noms reflètent parfaitement l'esprit, on peut dire la dualité, de la culture locale : mi-France, mi-Afrique. On oublie trop cette indissociabilité, les traces indélébiles que nous y avons laissées. Ce n'est pas par hasard que l'on trouvera des références, ou plutôt des clins d'œil à la France, comme par exemple :

On ne naît pas pute, on le devient. [p. 178] (Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme : on le devient. »)

J'avais déjà vu toutes sortes de nombrils […] mais pas le nombril d'une femme d'agent de police. [p. 219] (hommage à Georges Brassens).

Dans ce roman fascinant, c'est lorsque tout semble devenir confus que tout devient clair.

olonnois85

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