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LOL - Les Olonnois Lisent
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17 février 2015

Le grand Cœur, Jean-Christophe Rufin

Le grand Cœur, Jean-Christophe Rufin, Éd. Gallimard (folio), 575 p.

 

 

JCRufinOriginaire de Bourges comme Jacques Cœur, Jean-Christophe Rufin tenait à rédiger une biographie de presque son voisin. Il choisit dans ce but la forme autobiographique, rédigée sur l’île grecque de Chios peu avant la mort de son personnage.

Délaissant grandement le côté commerçant du grand Argentier de Charles VII, Jean-Christophe Rufin s’attache à faire ressortir la face romanesque et romantique de Jacques Cœur pour le rendre plus humain, délaissant aux biographes l’ayant précédé le côté mercantile. Jean-Christophe Rufin va jusqu’à faire d'Agnès Sorel, maîtresse officielle de Charles VII, qui fut protectrice et cliente de Jacques Cœur, une confidente, amie et même une amante alors qu’elle est enceinte du roi. Jean-Christophe Rufin prend ici une liberté qu'aucun historien ne soutiendra, mais qu'aucun d'eux ne pourra complètement démentir.

On connaît le style élégant et pur de Jean-Christophe Rufin (Rouge Brésil, Le collier rouge). Les premières pages consacrées à l'enfance et l'ascension de Jacques Cœur sont convaincantes : « Il existait le pouvoir et la force, et les deux choses n'étaient pas toujours confondues. » (p. 41).

Mais l'auteur ne parvient pas à suivre une ligne rigoureuse. Beaucoup de passages sur la liaison amicale/amoureuse avec Agnès Sorel se répètent, une redondance qui irrite rapidement. Il revient également trop souvent sur l'ambiguïté de la relation entre Jacques Cœur et Charles VII (soumission/fidélité, dépendance/jalousie, peur/confiance, etc.).

Après la mort d'Agnès Sorel, après la déchéance et le procès de l'argentier du roi, sa fuite prend l’allure d’une version frelatée d’un roman de cape et d’épée. Le romanesque l’emporte sur la rédaction soignée.

« J’avais persuadé au roi qu’il me fallait… » (p. 426)

« Je ne partageais ni les craintes ni les empressements de cette foule. Ï303 » (p. 558, faute d'imprimerie ?)

« Il ne allait pas en faire l’économie. » (p. 560)

En donnant de nombreux détails, tirés de recherches que l'on peut supposer approfondies, Jean-Christophe Rufin donne de la crédibilité à son texte, mais ceux-ci deviennent inutiles lorsqu'il les laisse incomplets. C’est le cas entre autres des dates (l'année est très rarement indiquée) : « Un messager, le 15 février, est venu m’annoncer à Montpellier où j’étais descendu pour mes affaires qu’Agnès n’était plus,… » (le lecteur n'est pas censé savoir qu'Agnès Sorel est décédée le 9 février 1450 à Mesnil-sous-Jumièges). Les repères manquent et le fil de l'histoire en pâtit.

Emporté par sa plume, Jean-Christophe Rufin n’est plus réaliste. Alors que Jacques Cœur est à Rome où il séjourna à peu près un an, Jean-Christophe Rufin lui fait écrire : « Nicolas V me permit de m’installer dans une aile du palais Latran. Il avait été déserté pendant l’exil des papes en Avignon et méritait une complète restauration. Je fis réparer, peindre et meubler les pièces où je m’installais. »

Le palais Latran, qui n’avait rien à envier aux résidences impériales, fut près de 10 siècles durant la résidence médiévale des papes. Déjà délaissé, il fut complètement déserté pendant l’exil papal à Avignon (1309 à 1378) et fortement endommagé lors d’incendies en 1307 et 1361. Il n'était plus habitable au retour des papes à Rome, et ceux-ci prirent définitivement leur résidence au Vatican. Il faut croire que Jacques Cœur (à la fin du pontificat de Nicolas V en 1455) possédait une baguette magique pour pouvoir restaurer une partie des bâtiments en un si court laps de temps.

Le roman est à la fois trop long à cause de trop nombreux de détails que veut fournir Jean-Christophe Rufin, trop long à cause de récurrence, et aussi trop long en se perdant dans des récits romanesques sans fondement. La voie choisie n’est pas claire et malgré une écriture souvent brillante, l’œuvre reste décevante. En 300 pages, avant que la lassitude prenne le dessus, le sujet aurait été beaucoup mieux traité.

Olonnais85

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Commentaires
O
Et du coup, il pleut ! bon, il aurait pu neiger aussi !!!!
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L
Que vois-je ? 575 pages !! et c'est notre Olonnois85 qui a lu tout ça !!!!!<br /> <br /> Lapoulkipon de la Chaume a les yeux écarquillés par la surprise...
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