Encore vivant, Pierre Souchon

Encore vivant, Pierre Souchon, La brune au Rouergue, 248 pages

Pierre Souchon est marié avec Garance, arrière-petite-fille de Paul Claudel. Originaire de la petite paysannerie de l’Ariège et très à gauche, il s’est pourtant fort bien intégré à ce milieu de la haute bourgeoisie de sa femme où il brille grâce à sa culture qui impressionne même son beau-père très à droite.

Cette montée sociale n’était pas évidente pour celui qui, à vingt ans, fit un séjour en hôpital psychiatrique. En effet, Pierre Souchon est bipolaire au premier degré. Il s’était juré de ne plus jamais y retourner. Le psychiatre qui le suit à Paris le juge suffisamment stable et cesse son traitement.Erreur fondamentale du médecin : son patient replonge dans une grave crise de bipolarité et est envoyé de force à nouveau en psychiatrie.

Le texte de Pierre Souchon est plus qu’une biographie (partiellement romancée). Il décrit cette maladie en tant que patient, mais aussi de la même manière les maux de la société, parfois avec violence quand il est en crise, parfois avec compréhension et générosité dans ses bons moments. Si dans certaines phases il insulte et conspue abondamment le personnel soignant de l’hôpital, il sait également le moment venu ce qu’il leur doit et reconnaît leur compétence. Avec compassion, occasionnellement avec humour, il dépeint ses compagnons de douleurs, les anorexiques, les paranoïaques, les suicidaires, les schizophrènes et autres malades.

Pierre Souchon a particulièrement le mérite de reproduire dans son style l’état d’esprit dans lequel il se trouvait au moment des faits : texte violent et agressif, dans ses crises, doux quand il est apaisé, déprimant quand il est déprimé.

Il n’y a que dans les 10 ou 20 dernières pages que son texte perd en intérêt, comme s’il ne savait plus comment le terminer.

olonnois85