Richesse oblige, Hallenore Cayre

Richesse oblige, Hallenore Cayre, Métaillé, 217 p.

Suite à un accident à l’adolescence, Blanche de Rigny est handicapée et ne se déplace qu’avec des cannes. Elle retourne sur son île d’origine en Bretagne (la non nommée île de Sein), où tous les gens savent tout sur tous, pour l’anniversaire de son père avec lequel elle ne s’entend pas. Elle ne logera pas chez lui, mais chez une tante. C’est l’occasion pour elle de se poser des questions sur son nom, de Rigny, qui ne fait pas très couleur locale. Quel aïeul a apporté ce nom de riche sur cette terre de pauvre ?

Un siècle et demi plutôt, en 1870, la guerre approche. Auguste a l’âge de partir et est convoqué pour le tirage au sort de la conscription. Par malchance, il tire un mauvais numéro. Malgré l’objection de sa famille, Auguste a des idées de gauche, admire les quarante-huitards. Il se veut près du peuple, mais quant à partir à la guerre, c’est une autre chose. Son père fortuné est prêt à payer un remplaçant comme le règlement l’autorise. Reste la difficulté en ces temps troubles d’en trouver un.

Hannelore Cayre alterne entre les histoires de Blanche et d’Auguste dont il n’est pas difficile de trouver les points en commun. Elle maintient malgré tout un certain suspense. Qu’en est-il de la branche riche de de Rigny ? Qu’est devenu Auguste ?

Le récit est agrémenté par le ton qu’empreinte Blanche, sarcastique, ironique, désabusé, flanquée de son amie Hildegard qui souffre du syndrome de Marfan (croissance anormale des os). Les chapitres relatifs à Auguste gardent le sérieux qu’impose l’histoire de la fin du Second Empire et la Commune qui se terminera par la semaine sanglante.

Proche de la réalité, l’auteure ne prétend cependant pas écrire un roman historique. Tout n’est pas à prendre à la lettre. Avec Richesse oblige, Hannelore Cayre manie l’art de mélanger satire et gravité.

olonnois85