Ce matin-là, Gaëlle Josse, Notabilia

Ce matin-là, Gaëlle Josse, Notabilia, 216 p.

Ce matin-là, la voiture de Clara refuse de démarrer. Ce grain de sable se transforme vite en petit caillou, en gros galet, en énorme bloc de pierre. Clara, qui se plaisait à « vendre de l’argent », comme elle nommait son emploi dans une agence de crédit, perd toute motivation, voit disparaître toute envie, sombre en elle-même, n’est plus capable de quoi que ce soit. Le « burn-out » est total, complet, colossal. Chaque tentative de sortir de sa léthargie est un échec qui la plonge encore plus bas. Les amies s’éloignent, Thomas n’en peut plus de ne pas la comprendre et la quitte.

Lorsque Cécile, son amie d’enfance qui l’appelle de temps en temps la joint au téléphone, c’est le réveil du passé, des années heureuses. Elles ne se sont pas vues depuis des années. Cécile, mère de deux garçons, est infirmière dans un coin retiré de la campagne où Bertrand, son mari, gère une exploitation agricole.Clara les rejoint et s’aperçoit bien vite qu’eux aussi ont des problèmes, mais très différents des siens. Ils l’accueillent à bras ouvert par amitié, pour lui rendre service, et du coup c’est Clara qui leur rend service. C’est le moment où le passé permet au présent de revivre dans toute sa fragilité.

Gaëlle Josse découpe son roman en court chapitre, sans suivre une ligne rigoureuse ce qui donne de la fluidité à son texte.L’évolution de ses personnages est à la fois lente et graduée comme elle peut l’être au quotidien. Bien que le thème soit rude, rien n’est déprimant. Ce matin-là est un excellent ouvrage sur la dépression sans être dépressif.

olonnois85