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LOL - Les Olonnois Lisent
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29 février 2020

Là où chantent les écrevisses, Delia Owens

Là où chantent les écrevisses, Delia Owens, Seuil, 476 pages

 

Là où chantent les écrevisses

Lors d’un interview, Daniel Picouly dit que pour écrire un roman, il faut une princesse, un prince charmant et un méchant. Il est peu probable que Delia Owens connaisse Daniel Picouly, mais elle a appliqué cette règle qu’il avait émise. Ces trois personnages n’étant évidemment pas suffisants pour remplir près de cinq cents pages, l’auteure ajoute plusieurs méchants, quelques bons qui ne seront pas prince pour autant. Elle se limite cependant à deux princesses : Kya, son héroïne, et la nature.

Catherine Danielle Clark, surnommée Kya (la princesse) et appelée dans le village « la fille du marais ». Elle vit seule dans les marais de la Caroline du Nord. Encore enfant, elle a été abandonnée par sa mère après que celle-ci eut été encore une fois battue par son mari, par ses frères et sa sœur les uns après les autres en raison des violences paternelles, par son père après une relative période de calme, par Tate qu’elle aime inconsciemment depuis toujours (le prince charmant), par Chase Andrews qui sera un temps son amant (le méchant).

Le roman commence en 1969, justement par la découverte du cadavre de Chase, tombé d’une tour de surveillance. Un accident est vite exclu. Il n’y a pourtant aucune trace sur les lieux du crime et peut-être pour cette raison les soupçons du shérif se portent rapidement sur Kya, car qui d’autre serait capable d’effacer aussi méticuleusement la moindre empreinte.

L’auteure alterne l’enquête du shérif avec la narration de la vie de Kya, cette fille qui n’alla qu’une seule journée à l’école, qui vivait en sauvage amoureuse de la faune et de la flore de « son » marais, qui nourrit les oiseaux de mer, et à qui Tate apprit à lire. Cette alternance rend ce roman captivant de bout en bout, sans laisser la moindre place à la lassitude. Delia Owens, diplômée en zoologie et biologie, décrit en connaisseuse ce domaine qui lui tient autant à cœur que son héroïne. On ressent pendant la lecture cette passion pour la nature, sans plonger dans le radicalisme écologique, mais aussi la solitude de cette fille si sensible, qui se récite des poèmes d’une certaine Amanda Hamilton (plusieurs poèmes sont cités), fuit le monde qui la rejette, et qui est si timidement amoureuse de son prince charmant, mais pas comme une adolescente écervelée, plutôt comme le lui enseigne la nature.

Placé dans les années soixante, soixante-dix aux États Unis, il n’était pas possible à l’auteure d’éviter de parler du racisme et plus généralement de la ségrégation qui y régnaient. Kya, une rejetée, ne peut que trouver de l’amitié qu’auprès d’autres exclus de la société : le noir surnommé Jumping et sa femme Mabel. Plus discrètement d’autres personnages porteront de la compassion pour cette fille du marais, engageant le lecteur à les suivre.

Là où chantent les écrevisses est un magnifique roman aux facettes multiples, remarquablement bien construit, haletant, et dont on retiendra l’immense tendresse. Ce n’est pas un chef-d’œuvre de la littérature, mais pas moins qu’un merveilleux roman de lecture délicieuse.

olonnois85

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Commentaires
M
pour une fois Marc je suis entièrement d'accord avec toi j'ai adoré!!
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