Hors champ, Sylvie Germain
Hors champ, Sylvie Germain, Albin Michel, 196pages
Aurélien est un homme ordinaire, plutôt bel homme selon quelques amis. Il a promis à sa mère de transcrire en propre les carnets intimes que son frère a rédigés avant qu’un accident le transforme en un grand handicapé végétatatif, avec lequel il est à peine possible de communiquer.
Le dimanche où Aurélien a juste terminé cette transcription, le disque dur de son ordinateur le lâche et anéantit tout son travail.
Le lundi, après une mauvaise nuit, comme bien d’autres, il est en méforme. Dans la rue, il se cogne à maints passants qui ne l’ont pas remarqué à temps. Ses collègues peinent à se rendre compte de sa présence. L’un d’eux dit qu’il est « flou ».
À chaque jour de la semaine qui s'écoule, il devient de moins en moins perceptible. Sa petite amie qui quelques jours plus tôt voulait un enfant de lui l’ignore, il perd son odeur, sa voix, son image s’efface des photos, il n’a plus d’ombre. Peu à peu, il disparaît de la mémoire des gens, de ses proches, son effacement devient total. Au bout d’une semaine, il n’existe plus aucune trace d’Aurélien, plus personne ne se souvient de lui, il est définitivement hors champ.
Si la finalité du roman est connue d’avance, Sylvie Germain nous y mène à tous petits pas à peine perceptibles, sans rebondissement, sans heurt, comme si de rien n’était, une évolution tout à fait normale. Si Aurélien s’en aperçoit et réalise sa lente disparition prochaine, il n’y a pas de révolte, pas de sursaut, pas de colère, juste parfois un peu d’agacement, d’énervement. Tout se déroule dans une incroyable indifférence générale. Rien ne reste du « disparu ». Une effroyable histoire qui pourrait arriver à chacun d’entre nous ?
olonnois85